Mercredi 9 février 2011, une foule nombreuse où se côtoyaient les autorités publiques dont le maire de Beer Shéva, M. Roubik Danilovitch, religieuses, dont le Grand Rabbin Richard Wertenschlag, et ses amis, assistait à l’inauguration de la place Marc Aron située devant la mairie du 3ème arrondissement, à l’angle des rues Moncey et Servient.
La plaque « Place Marc Aron, 1930-1998, cardiologue, président du CRIF et humaniste lyonnais » a été dévoilée par Edith Aron, Gérard Mayer, le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb et le maire du 3ème arrondissement, Thierry Philip.
Mais qui était Marc Aron, lui qui a laissé de nombreux souvenirs parmi tous ceux qu’il a croisés tout au long de sa vie ? Les orateurs qui se sont succédé ont apporté leur témoignage dans ce sens.
Tout d’abord Thierry Philip a insisté sur le fait que cette place est située à proximité de deux grandes institutions républicaines : la mairie et le tribunal, symboles de « l’engagement de Marc Aron pour le respect mutuel des peuples et la dignité des hommes ». Que cet acte symbolique puisse « contribuer à lutter contre l’intolérance, l’antisémitisme, le racisme et toutes les formes de xénophobie ».
Gérard Collomb, lui, rappelle la vie de Marc Aron, né en 1930 à Berlin, son père déporté, sa famille pourchassée. Puis ce sont les EIF où il rencontra Théo Klein, Robert Badinter et d’autres encore, ses années d’études au lycée du Parc où il se lia d’amitié avec Charles Favre et de médecine, le service militaire passé en Algérie, son action au B’nai B’rith de France, à l’Anti Diffamation League en Europe, puis, à Lyon, la présidence de la Coordination des Organisations juives de France, du CRIF Rhône-Alpes, du Comité des Oeuvres religieuses, du FSJU.
Marc Aron s’est aussi battu pour que les crimes de la Shoah ne soient jamais banalisés lors des procès de Klaus Barbie, Maurice Papon, Paul Touvier, mais aussi pour l’ouverture, en 1994, du Musée-mémorial des enfants d’Izieu, ainsi que contre les falsificateurs de l’histoire et des négationnistes de l’université lyonnaise.
Gérard Collomb évoque également le dialogue judéo-chrétien établi avec le Cardinal Decourtray et Charles Favre en insistant sur l’affaire du Carmel d’Auschwitz et « ce qui allait devenir plus tard l’acte de repentance de l’Eglise à l’égard de ses frères juifs pour les crimes commis pendant la deuxième guerre ». Il insiste sur le désir de Marc Aron « de faire de la communauté juive non pas une communauté tournée sur elle-même, mais, au contraire, résolument à l’écoute des autres ».
Lui succède Théo Klein, président du CRIF de 1983 à 1989, qui, sans notes, a brillamment parlé de Marc Aron. Il a développé leur relation d’amitié, le travail effectué ensemble aussi bien au CRIF qu’ailleurs.
Alain Jakubowicz, grand ami de Marc Aron, établit le parallèle entre le nom d’Aron, frère de Moïse « qui parlait pour lui et n’avait pas peur de s’adresser au Pharaon au nom des enfants d’Israël » et le « héros » du jour. Il insiste sur le fait que Marc Aron a été le « porte-parole de la communauté juive auprès des autorités de l’Etat dans le respect permanent des valeurs de la république ».
On ne peut que rapporter les paroles qu’il a prononcées lors de sa dernière sortie publique en remettant la médaille de l’ordre du Mérite au Père Christian Delorme : « si un fils d’Aaron peut remettre une médaille de la république à un prêtre catholique connu pour être le frère des fils d’Ismaël, c’est à cette république laïque, espace de liberté que nous devons de vivre cet événement. Je ne sais pas si cela serait possible dans beaucoup d’autres pays ».
Le dernier orateur a été le cardinal Barbarin qui a lu le texte écrit par Charles Favre, hospitalisé. Celui-ci insiste sur le phénomène de l’antisémitisme qu’il a étudié et combattu ensemble avec Marc Aron. Chacun des orateurs a rendu hommage à Edith Aron qui a toujours soutenu son mari.
Claude Lévy